La perversion, c’est comme la bouffe chinoise. On aime ou on aime pas. Mais quand on est chinois, on a pas le choix.

CRÉDIT - CSS

« Tu vas le regretter Morovitch ! »

Cette menace l’effleura, sans le toucher. Il continua sa route, sans un mot. Intérieurement il bouillait. Tout son esprit était concentré sur une unique chose, contrôler leurs émotions afin qu’elles restent stables. En faisait ça il prenait un risque énorme, si jamais les gens s’en apercevaient, ils réussiraient à reprendre le contrôle et il serait victime de leurs pouvoirs. Pourtant, il continuait, son énergie mentale faiblissant tandis qu’il faisait tout pour que leur colère et leur besoin de vengeance instantané ne montent pas brusquement, du moins, jusqu’à ce qu’il ait disparu de leurs vues. Sa main droite lui faisait un mal de chien vu la force avec laquelle il l’avait envoyé dans la tête du leader de la petite bande. Ezekiel Morovitch ne s’énervait jamais aussi lorsque soudain il craquait et céder à sa colère, les gens n’avaient pas le temps de réagir. Trop surpris, ahuris par la soudaine agressivité d’un type qui garde en permanence son sang-froid. Le problème se posait généralement après. Quand ils reprenaient conscience de ce qui se passaient et qu’ils cherchaient à lui rendre la pareille. En principe le brun ne serait pas parti, il aurait assumé et aurait fait face aux abrutis. Mais là il ne pouvait pas, n’avait pas le temps. Parce qu’il avait autre chose à faire, comme retrouver Loukas par exemple. Après il n’avait pas envoyé au tapis l’idiot qui s’en était pris au première année pour ensuite le laisser aller se cacher à l’abris de tous les regards. Cependant si son esprit était trop faible, il serait victime de toutes les émotions des élèves de Magya et ça il ne l’envisageait pas trop. Aussi, à peine avait-il disparu de la vue de la petite bande, qu’il relâcha son don automatiquement.

Là, il y était allé un peu fort. Même si la durée avait été très courte, il avait influencé les sensations de plusieurs personnes en même temps. Et bien qu’il ait juste empêché leur colère de grimper en flèche, il sentit ses murailles mentales s’effriter. Respiration. Il inspira, expira, fermant totalement son esprit aux autres et s’adossa au mur, histoire de reprendre le contrôle de lui-même. Il fallait qu’il aille trouver Loukas. Cet idiot avait dû se planquer il ne savait où sous prétexte qu’il ne maitrisait pas son pouvoir. Et bien que cela l’agaçait quelque peu, il fallait reconnaître qu’il aimait bien le première année et qu’il s’inquiétait pour lui. Il s’était pris d’affection pour lui au point de ne pas hésiter une seule seconde quand il fallait le défendre. Ouais, même quand c’était contre une bande d’abrutis armés de leurs dons à la con qui poussait Morovitch a usé de son pouvoir sans aucune modération. Il était bon pour un mal de tête qui le conduirait certainement à l’infirmerie, mais d’ici là, il avait autre chose à faire que rester blotti contre un mur toute la journée. Grommelant diverses insultes russes entre ses dents, il se reprit et ouvrit à nouveau son esprit aux émotions des autres. C’était ce qui le fatiguait le moins, ouvrir totalement ses murailles enfin sans se laisser contrôler par ce que ressentaient les autres, mais assez pour avoir l’effet d’un radar intérieur. Il avait appris à reconnaître les sentiments de ses proches et Loukas en faisait partie, aussi alors qu’il avançait dans le couloir du 1er étage, il finit par repérer la présence de son camarade dans la salle abandonnée. On lui disait souvent qu’il usait à tort et à travers de son pouvoir mais Ezekiel ne pouvait s’en empêcher, c’était devenu naturel. Il était presque toujours en contact avec les autres, sa trop grande sensibilité l’empêchant moralement de ne pas repérer la douleur des autres. Les rares personnes qui étaient proches de lui étaient d’ailleurs généralement mal en point psychologiquement. A cette pensée, il ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel, soit il était masochiste soit il était un idiot. Et des deux, il ne savait pas ce qu’il préférait. Après un bref soupir, le brun poussa la porte et entra.

« Loukas ? » Il avança dans la pièce sombre, ignorant les tableaux un brin morbides sur les murs pour repérer le jeune homme. Etrangement, il aimait bien cette pièce, oubliée, froide…Il venait souvent s’y réfugier, surtout lorsqu’il trouvait son repère au grenier habité par ses camarades. Ici, les gens ne venaient pas le déranger. Pourtant, pour une fois il était venu pour quelqu’un d’autre et non pour se terrer loin des autres êtres humains histoire d’avoir la paix. Il finit par remarquer son camarade, assis dans un coin, et s’approcha sans un mot. Un sourire doux apparut sur son visage, chose que la plupart des gens ne connaissaient pas chez lui. Il souriait rarement et son sourire était généralement empreint de moquerie. Pourtant là, il était juste doux, sans une once d’ironie, ses instincts protecteurs s’étant tout de suite développés face à son second. Il s’accroupit en face de lui et tout en plantant ses prunelles d’un gris froid dans les siennes , il dit : « Tu comptes te cacher là longtemps ? »
Cette question n’attendait pas réellement de réponse, comme toujours avec Ezekiel d’ailleurs, vu que l’empathie chez lui, lui permettait de cerner bien plus vite la personnalité des gens que la plupart des autres êtres humains. Il s’assit, face à lui et étira ses doigts de la main où il avait frappé. Un instant il enleva sa chevalière, frotta ses doigts et la remit. Toujours aussi calme, il murmura d’une voix très légèrement sadique : « Je crois que ces idiots ne t’approcheront plus de sitôt. » Et puis dans le cas contraire, il irait leur rappeler qu’il n’était pas quelqu’un qu’on défi sans en subir les conséquences. Il avait été clair sur ce coup là, ces types touchaient encore une fois au première année et il ferait de leur vie un enfer.

♦ QUELQUES MINUTES PLUS TOT ♦

« Espèce de bon à rien ! » Un rire froid accompagna ces quelques mots assassins, comme un poignard qui s’insinuait en lui. C’était douloureux, blessant. Bien plus que lorsque ses bourreaux le poussaient ou le frappaient. Les mots étaient parfois pire que les gestes, mais rien ne surpassait l’alliance des deux… Effleurant sa joue du bout des doigts, Loukas grimaça. Un bleu monstrueux devait s’étaler sur pommette alors que du sang coulait au coin de sa lèvre, il pouvait en sentir le goût ferreux sur sa langue. Un instant, il dut serrer les dents afin de ne pas pleurer. Jamais il ne devait faiblir devant ces détracteurs, c’était ce qu’ils attendaient de lui et le voir craquer leur aurait procuré une joie sans pareille. À cette idée, le jeune homme se ressaisit et ravala les larmes qui perlaient déjà au coin de ses yeux. Non, il ne leur donnerait pas ce qu’ils attendaient de lui… « Regarde-moi quand je te parle, Smolenski ! » Rassemblant tout son courage, Loukas leva les yeux vers le chef de la bande et affronta son regard sombre et froid. Un frisson lui parcourut l’échine alors que la peur se distillait dans ses veines. Qu’allait-il encore lui faire subir ? « Et si tu nous montrais un peu ce qui se passe avec ton pouvoir quand tu flippes totalement ? » Écarquillant les yeux, il sentit l’effroi l’envahir alors qu’il comprenait où son bourreau voulait en venir. Avait-il perdu la raison ? Si Loukas se laissait submerger par son pouvoir, cette histoire finirait encore en désastre et ensuite, cet imbécile voudrait se venger. Et il serait bien incapable de l’en empêcher. Parce qu’il ne savait pas se battre mais aussi parce qu’il se sentait coupable quand il blessait quelqu’un avec son pouvoir. Même lorsqu'il s’agissait d’un tortionnaire qui, de son côté, n’hésitait pas à le frapper… Plutôt crever que de rentrer dans leur jeu et de devenir comme eux. Son intégrité était tout ce qui lui restait. Surtout que s’il lui était venu à l’idée de se défendre, il aurait pris deux fois plus de coups et d’insultes. Après tout, ils étaient plus forts, plus vieux et plus nombreux. Face à eux, il n’avait aucune chance et le désespoir l’envahissait peu à peu. « Allez ! Montre-nous… » L’agrippant subitement par les cheveux, son bourreau l’attira vers lui avant de lui balancer un coup de point dans l’estomac. La douleur le traversa immédiatement, le forçant à se courber en deux alors qu’il étouffait un gémissement sourd. Satisfait, le jeune homme se baissa avec grâce, se mettant à son niveau afin de murmurer à son oreille. « Tu n’as que ce que tu mérites… tu n’es qu’une erreur, tu ne devrais pas être là… » Ces mots acerbes s’infiltrèrent dans son âme, comme un acide dévastateur et la souffrance psychique effaça alors tout le reste.

♦ FIN DU FLASH BACK ♦

Tapis contre le mur de la pièce, Loukas tremblait encore sous l’émotion. Les minutes s’égrenaient dans un calme presque parfait et pourtant, il ne parvenait pas à reprendre son souffle, ni même à freiner les battements de son cœur. Affolé, il jeta un coup d’œil à ses mains qui étaient encore parcourues par les lueurs bleues de ses lasers, éclairant faiblement les alentours comme de petits halos lumineux. S’ils n’avaient pas été si dangereux, le jeune homme aurait presque pu les trouver beaux. Cependant, il ne parvenait pas à se familiariser avec ce pouvoir destructeur… Il le craignait trop. À chaque fois qu’il se manifestait, Loukas paniquait et pour éviter une catastrophe, il devait fuir et se réfugier dans un endroit isolé où il ne blesserait personne. Au fond, le groupe d’élèves qui s’en étaient pris à lui aurait sûrement mérité de faire les frais de son pouvoir… Surtout qu’ils avaient tout fait pour le provoquer et pousser Loukas à perdre le contrôle. Mais ce dernier ne voyait pas les choses de cette façon. Jamais il ne voudrait user de son pouvoir de la sorte. Devenir un monstre à cause de ces lasers serait certainement le pire des scénarios… Et puis, s’il ne s’était pas enfui, il aurait pu blesser Ezekiel qui était venu à son secours, encore une fois. Honnêtement, le jeune ne comprenait pas pourquoi le jeune Morovitch avait soudain pris le parti de le protéger. Après tout, ils ne se connaissaient pas beaucoup tous les deux, et il fallait admettre qu’Ezekiel se montrait souvent assez froid et distant avec le reste des élèves. Pourquoi agissait-il si différemment avec lui ? Alors que la plupart des élèves préféraient se moquer de lui ou encore le malmener, parce qu’il ne leur ressemblait pas. À ses yeux, le comportement d’Ezekiel était étrange et déroutant. Mais sans lui, Loukas aurait été sans défense face à ses bourreaux.

La porte de la pièce s’ouvrit, arrachant le jeune homme à ses pensées alors qu’il dirigeait toute son attention vers l’entrée de la pièce. De là où il se trouvait, le contre-jour l’empêchait de pouvoir identifier la personne qui venait d’entrer. « Loukas ? » Intrigué, il scruta la pénombre, reconnaissant cette voix… C’était Ezekiel. Pourquoi l’avait-il suivi jusqu’ici ? S’il s’était caché, c’était avant tout pour le protéger de son pouvoir. Inquiet, Loukas se pressa davantage contre le mur, espérant presque bêtement que son camarade ne le remarquerait pas. Ce qui était complètement ridicule puisque ses mains brillaient encore à cause des faisceaux lasers qui s’en échappaient. Le repérant facilement, Ezekiel s’approcha d’un pas léger avant de s’accroupir juste devant lui. Quelque peu nerveux, il évita un instant son regard puis se rendant à l’évidence, il l’observa lentement. Surpris, il aperçut le sourire doux qu’il lui adressait. Jamais auparavant il ne l’avait vu arborer un tel sourire. Et sans savoir pourquoi, il sentit instantanément le rouge lui monter aux joues. Pourquoi lui accordait-il une telle attention ? Plongeant son regard dans le sien, le jeune homme s’adressa à lui. « Tu comptes te cacher là longtemps ? » Rougissant de plus belle, Loukas détourna les yeux, quelque peu gêné. Bien sûr, il était conscient que son camarade se moquait gentiment de lui mais il avait tout de même un peu honte de se terrer de cette manière. Néanmoins, il n’avait pas trouvé d’autre solution, effrayé par la puissance de son don.
Reportant son attention sur Ezekiel, il le vit s’asseoir devant lui et tripoter sa chevalière, étirant ses doigts avant de les frictionner. Attentif, il le regarda faire, comprenant qu’il s’était battu avec le groupe d’élèves qui s’en était pris à lui. Se sentant coupable, il se mordilla la lèvre, obnubilé par l’idée que son protecteur aurait pu être blessé à cause de lui. Dans tous les cas, en voulant le protéger, ce denier s’attirait irrémédiablement des ennuis. « Je crois que ces idiots ne t’approcheront plus de sitôt. » Sa voix se fondait en un murmure quelque peu sadique et Loukas frissonna légèrement, encore plus inquiet.

Nerveux, il se redressa un peu, ne sachant pas quoi faire de ses mains, toujours illuminées par les rayons lasers. Après réflexion, il les ramena vers lui, craignant que son pouvoir ne s’emballe à nouveau sans prévenir. Lentement, il observa le visage d’Ezekiel partiellement illuminé par les faisceaux lumineux. Des ombres dansaient sur sa peau, lui donnant un air mystérieux, presque irréel. « Tu ne devrais pas t’attirer des ennuis à cause de moi… » Il avait prononcé ces mots du bout des lèvres et sa voix éraillée traduisait ses peurs. Après tout, cela ne servait à rien de cacher ce qu’il ressentait, puisque le jeune homme percevait tout cela à travers son pouvoir. C’était comme s’il lisait en lui comme dans un livre ouvert et cela le mettait quelque peu mal à l’aise, il fallait l’avouer. Cependant, il savait que son camarade n’avait pas choisi son don. Pas plus que lui n’avait désiré subir une telle malédiction. À cette pensée, les larmes lui montèrent à nouveau aux yeux. « D’ailleurs, tu ne devrais pas non plus rester ici… Tu ne devrais pas m’approcher, surtout pas quand mon pouvoir est…activé… » Epuisé, il laissa une larme couler sur sa joue. Encore une fois, il avait le sentiment d’être un poison. Tout ce qu’il touchait était infecté. C’était le tour d’Ezekiel et le fait de l’entraîner avec lui le rendait malade. « Pourquoi tu as fait tout ça ? Ils vont revenir avec des amis, ils vont s’en prendre à toi… à cause de moi ! J’en ai marre de porter la poisse, de blesser les gens, avec mon pouvoir, ou parce que je ne sais pas me défendre tout seul… » L’énervement perçait à travers sa voix. Il était furieux à cause de cette école, de cette magie, de ces élèves qui en avaient toujours après lui… Mais surtout, il était furieux d’être tel qu’il l’avait toujours été et il s’en voulait de tout subir sans rien dire. Même son propre pouvoir le dominait. Il était ridicule, pathétique et il avait honte de ne pas se montrer plus fort. Accablé par sa propre image, il baissa la tête. Au bout du compte, il aurait préféré qu’Ezekiel ne le voit pas dans cet état. Pas seulement parce qu’il pouvait le blesser mais parce qu’il se sentait mis à nu, vidé de son énergie.

Spoiler:

Souffrance, douleur, peur, face à un plaisir presque pervers de faire du mal. C’est ce qu’il avait ressenti quelques minutes plus tôt. Et contrairement aux autres élèves qui feignaient d’ignorer la scène pour ne pas avoir d’ennui, passant plus rapidement dans le couloir qu’à leurs habitudes, il s’était approché. Calme, impassible, il avait entendu les derniers mots du leader et avait brusquement ressenti la douleur intérieure de l’agressé. « Tu n’as que ce que tu mérites… tu n’es qu’une erreur, tu ne devrais pas être là… » Un rire, avait alors secoué ses épaules. Un rire de tout au plus cinq secondes, mais un rire qui avait suffi pour que la petite bande se retourne. Observateur, le brun avait immédiatement activé son pouvoir entièrement, laissant venir toutes les émotions qui l’entouraient histoire d’être prêt à anticiper leurs réactions. Son regard glacial s’était posé sur le « chef », il s’était contenté de dire : « Si lui est une erreur, je me demande ce que tu es, Kalahov. » Vexé, toujours aussi en colère, le dénommé Kalahov avait quand même relâché le première année, histoire de s’occuper d’Ezekiel. Ce dernier avait suivi des yeux le gamin jusqu’à ce qu’il eut disparu de sa vue et sans prononcer un mot, et avait ensuite envoyé son poing dans la figure de l’idiot qui avait attaqué son protégé. Il avait vu ses types prendre un plaisir démesuré à martyriser son cadet et ça il n’avait pas apprécié. Déjà parce que c’était lui, et qu’il est bien connu qu’Ezekiel Morovitch est le défenseur des causes perdues, se foutant royalement d’être détesté ou même menacé, uniquement intéressé par l’injustice. Et pourtant, à côté de ça, il n’hésitait pas à se montrer méchant et distant avec les victimes qu’il avait sauvé, là encore parce qu’il ne voulait pas qu’on l’approche. Ensuite parce que la victime en question était Loukas Smolenski et il s’était pris d’affection pour lui. Ou plutôt il se reconnaissait étrangement dans ce garçon fragile. Ce dernier s’isolait à cause de son pouvoir, Ezekiel faisait pareil mais par pur égoïsme, ne supportant pas de ressentir les émotions des autres. Il considérait également son don comme une malédiction mais contrairement au brun, Loukas n’avait pas appris à se durcir. Et c’était ça qui faisait qu’Ezekiel n’hésitait pas à le défendre.

Il avait été le même garçon fragile un jour, mais il s’était renfermé jusqu’à ne plus rien montrer et c’était ainsi qu’on l’avait respecté. Mais avec lui, il laissait entrevoir quelques sentiments. Lorsqu’il ne jouait pas à l’emmerdeur pervers qui prend un plaisir monstre à séduire les jeunots inexpérimentés, il était doux. Oubliant un instant cette distance qu’il plaçait entre lui et les autres et redevenant le type compréhensif qu’il avait toujours été. Heureusement pour le brun, ces moments n’arrivaient quasiment jamais. Lorsqu’il était doux c’était pour rassurer. Le russe avait toujours eu un don pour calmer les autres, même avant d’obtenir son pouvoir. Aussi il n’hésita pas une seconde à s’assoir en face de l’autre, ignorant royalement la lumière qui parcourait les doigts de Loukas. Il n’avait pas peur d’être blessé parce qu’il avait confiance en ce dernier, du moins de ce côté-là. Etrangement, il ne put s’empêcher de sourire, moqueur, en le voyant rougir face à ses questions. Il aimait bien l’embarrasser, il fallait l’avouer. Le déconcerter, le déstabiliser voir même le charmer, était généralement une de ses activés favorites quand il était avec lui. Tout ça pourquoi ? Parce que le gamin, enfin à ses yeux parce qu’à dix huit ans on est plus vraiment un gamin, lui plaisait. Si en plus de l’aider, il arrivait à lui voler un baiser ou à le mettre dans son lit, ce n’était pas ça qui allait le déranger hein. Bien sûr il n’était pas lourd au point de passer tout son temps à l’embêter, il était là avant tout pour l’aider et ça il espérait que son cadet le savait. Il observa donc sans un mot se dépatouiller avec ses mains lumineuses, se repliant sur lui-même lui donnant l’air d’un chiot effrayé. Un adorable et sexy chiot effrayé. * référence au gif xD* « Tu ne devrais pas t’attirer des ennuis à cause de moi… » L’amusement se peint sur le visage d’Ezekiel. En tailleur, le coude appuyé sur sa jambe, et la tête appuyée sur sa main, il fixait Loukas, silencieux, son esprit totalement réceptif à ses émotions. « D’ailleurs, tu ne devrais pas non plus rester ici… Tu ne devrais pas m’approcher, surtout pas quand mon pouvoir est…activé… » La souffrance, l’épuisement, la colère, tout ce que le corps fragile du première année ressentait, atterrissaient dans le cerveau du brun, au point de l’étourdir. Comment un être aussi doux pouvait-il ressentir autant de douleur ? Il savait que son cadet se sentait responsable, qu’il avait peur de blesser et de perdre le contrôle. « Pourquoi tu as fait tout ça ? Ils vont revenir avec des amis, ils vont s’en prendre à toi… à cause de moi ! J’en ai marre de porter la poisse, de blesser les gens, avec mon pouvoir, ou parce que je ne sais pas me défendre tout seul… » Pourquoi ? On lui posait souvent la question. C’était une question idiote. Comment un être qui a une empathie supérieure à celle de tous les autres êtres humains, peut-il envisager de ne pas réagir à la souffrance de quelqu’un ? C’était impossible aux yeux d’Ezekiel et c’était ce qui le rendait terriblement fragile psychologiquement. Il se mettait en danger pour tout et n’importe qui, tant qu’il pouvait ne serait-ce qu’un peu, atténuer la douleur d’autrui. Toujours aussi silencieux, il ne répondit pas tout de suite, se relevant à moitié pour se rapprocher de Loukas. Accroupi, se souciant peu des mains lumineuses du jeune homme, son corps frôlait dangereusement le sien, il lui releva doucement la tête, plantant ses prunelles glaciales dans les siennes.

« Idiot. » Cette phrase aussi froide que la glace résonna dans la pièce sombre. Ezekiel essuya de son autre main la larme qui avait roulé sur la joue pale du première année. « Arrête de t’inquiéter pour des broutilles comme ma sécurité. Ils ne s’en prendront pas à moi parce qu’ils me connaissent. Parce que si je le voulais, je pourrais les rendre fou ou terrifiés jusqu’à en mourir. J’aime pas quand on touche aux gens qui m’intéressent. Je suis possessif. » Il s’arrêta un instant, eu un sourire moqueur avant de redevenir impassible : « Quant à ton pouvoir. T’es en première année. C’est normal de ne pas le maitriser. Dans deux ou trois ans, tu n’auras plus besoin de moi pour te défendre. Et puis t’es pas en train de me blesser à dernière nouvelle ? »

Le rythme cardiaque de Loukas s’accéléra légèrement lorsqu’il vit Ezekiel se rapprocher de lui, s’accroupissant comme si de rien était. Il était fou ou quoi celui-là ? Ne savait-il pas qu’il avait déjà blessé d’autres élèves avec ses maudits lasers ? Peut-être se croyait-il au-dessus de tout, mais ce n’était pas parce que le première année l’appréciait qu’il serait épargné. Tout simplement parce qu’il ne contrôlait rien. Si ça avait été le cas, il aurait choisi de ne jamais blesser qui que ce soit. Pas même ses ennemis. En effet, Loukas ne supportait pas l’idée d’être un bourreau, de leur ressembler, fut-ce pour se défendre. À la limite, pour défendre un proche… Peut-être en serait-il alors capable, aveuglé par la vengeance. Mais pas pour sauver sa propre peau. Heureusement pour lui, Ezekiel le tirait bien souvent d’affaire. Mais justement, il ne voulait pas que le jeune homme se mette en danger pour lui, ça ne rimait à rien s’ils finissaient pas se retrouver tous les deux dans la ligne de mire de ces imbéciles. Pourtant, il se doutait bien qu’il parlait dans le vide. Son protecteur ne l’écoutait pas, il le savait. La preuve était sous ses yeux : au lieu de s’éloigner, il réduisait considérablement la distance qui se trouvait entre eux. Gêné, Loukas sentit le corps de son aîné frôler le sien, le faisant rougir alors que pour le moment, il s’agissait d’un contact anodin.
Puis, tandis que l'un de ses mains relevait son visage, les prunelles bleu glacier d’Ezekiel dardèrent les siennes, le déstabilisant de plus en plus. Que faisait-il ? « Idiot. » Surpris, le première année se figea, alors qu’un frisson parcourait son échine. Cette voix froide le mettait quelque peu mal à l’aise et il commençait à se demander si son ami avait été vexé par ses propos… Pourtant, comme pour le détromper, le jeune homme redevint plus doux et de sa main libre, il essuya la larme qui roulait sur sa joue. Étonné par ce geste, Lou réalisa que cela l’avait apaisé, du moins un tout petit peu. « Arrête de t’inquiéter pour des broutilles comme ma sécurité. Ils ne s’en prendront pas à moi parce qu’ils me connaissent. Parce que si je le voulais, je pourrais les rendre fou ou terrifiés jusqu’à en mourir. J’aime pas quand on touche aux gens qui m’intéressent. Je suis possessif. » Déstabilisé, le première année ne savait plus si Ezekiel plaisantait ou si ses propos étaient réellement sérieux. S’intéressait-il vraiment à lui au point d’être possessif ? Cette pensée suffit à le faire rougir et il se sentit ridicule. Cela ne voulait pas dire qu’il l’appréciait, il se faisait sûrement des idées. Et puis, cela l’effrayait un peu aussi. Personne ne s’intéressait jamais à lui. Pas de façon positive en tout cas.

Lorsqu’il posa à nouveau son regard sur le visage de son aîné, il aperçut son sourire moqueur et il eut honte d’avoir pu imaginer, un seul instant, qu’il ait pu dire tout ça sérieusement. Gêné, il resta silencieux et le laissa parler. « Quant à ton pouvoir. T’es en première année. C’est normal de ne pas le maîtriser. Dans deux ou trois ans, tu n’auras plus besoin de moi pour te défendre. Et puis t’es pas en train de me blesser à dernière nouvelle ? » Le cœur lourd, Loukas aurait tout donné pour croire en ces paroles. Il aurait aimé être aussi confiant que son protecteur, mais il n’y parvenait pas, la réalité le ramenait toujours à la raison, dès qu’il s’agissait de son pouvoir. Après tout, même s’il avait réussi à l’épargner jusque-là, ça ne voulait rien dire. Il préférait rester vigilant, au cas où. Encore un peu rouge, il marmonna. « Je préfère ne pas crier victoire trop vite, dés que je relâche mon attention, je perds le contrôle… » L’angoisse lui noua la gorge alors qu’il songeait aux dégâts qu’il avait déjà causé depuis son arrivée à l’école. Bien sûr, tout le monde lui disait que ça allait s’arranger, mais il s’était renseigné et certains élèves n’y parvenaient jamais complètement. Si c’était son cas, il serait alors perpétuellement une bombe sur pattes. À cette pensée, son cœur s’emballa et il glissa rapidement ses mains derrière son dos alors qu'un faisceau laser s’en échappait, frôlant sa hanche, avant de s’échouer sur une armoire, dans un fracas de bois brisé. Tremblant de peur, il plongea son regard dans celui d’Ezekiel. « C’est le danger qui t’attire ? Je sais que tu plaisantais et que tu ne t’intéresses pas vraiment à moi… À part si je te fais pitié. Je ne sais pas. Mais je n’arrive pas à me calmer, que tu le veuilles ou non, j’ai peur de te blesser et.. et ça me stresse… » Sa voix était incertaine, gonflée d’inquiétude et d’incertitudes, il se sentait perdu. Encore un peu sonné, il se redressa et tenta de se mettre à genoux, tout en gardant les mains dans son dos afin de protéger le jeune homme qui se tenait toujours en face de lui.
Cependant, il ne s’était pas attendu à se sentir si faible… La tête lui tournait et ses jambes flageolantes eurent du mal à le porter et à changer de position. Vacillant légèrement, il leva un regard éteint vers Ezekiel avant de tomber en avant sans pouvoir se rattraper. Loukas se sentit chuter vers son aîné mais il eut beau solliciter l’ensemble de son corps pour se rattraper, il ne s’en sentait plus la force. « Ezek… » Ne pouvant pas finir sa phrase, il sentit son corps tomber lourdement sur celui de son camarade. Une désagréable sensation de flottement l’envahit, comme si son cerveau était soudain entouré de coton. Un léger grognement s’échappa de ses lèvres tandis qu’il remuait pour se redresser un tout petit peu. « Désolé… je ne me sens pas très bien. » Sa voix n’était plus qu’un murmure et le rouge lui monta subitement aux joues alors qu’il réalisait qu’il ne parviendrait pas à retrouver ses repères avant plusieurs minutes. C’était vraiment pathétique et à cette pensée, il eut honte de lui-même et de l'image qu'il renvoyait à cet instant précis.

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